Madagascar : Unir les voix pour renforcer les droits humains au cœur de l’EPU
Published on 09 Jan 2025, 05:25 PM
Le Centre CCPR a coordonné des initiatives majeures pour renforcer la contribution des OSC à Madagascar
En vue du quatrième cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU) prévu pour janvier 2025, le Centre CCPR a coordonné des initiatives majeures pour renforcer la contribution des organisations de la société civile (OSC) malgaches, tant de la capitale que des régions. Parmi ces actions figurent des consultations en ligne pour l’élaboration d’un rapport alternatif, la participation de défenseurs aux pré-sessions de Genève, et une mission à Antananarivo destinée à consolider le plaidoyer local et à améliorer les capacités des OSC à suivre la mise en œuvre des recommandations issues de l’EPU et des organes de traité.
Les défenseurs des droits humains malgaches font entendre leur voix à Genève
Le Centre, en collaboration avec UPR-Info, la FIACAT et Franciscans International, a facilité la participation de cinq défenseurs des droits humains malgaches aux pré-sessions EPU organisées à Genève du 19 au 22 novembre, une plateforme stratégique pour sensibiliser la communauté diplomatique. Leurs interventions ont abordé des thèmes cruciaux tels que la liberté d’expression, la lutte contre la torture, l’accès à la justice, la protection des défenseurs des droits humains, ainsi que les droits des femmes et des enfants.
Les défenseurs ont souligné des défis majeurs à Madagascar, notamment les exécutions extrajudiciaires, la surpopulation carcérale, le manque de progrès tangibles face à la lutte contre la torture, la corruption judiciaire, et le manque de ressources pour la CNIDH. Ils ont également mis en avant des enjeux émergents comme la migration interne, le changement climatique et l’exploitation des ressources naturelles. Parmi leurs recommandations figurent la dotation de la CNIDH en ressources autonomes, l’accélération des enquêtes sur les abus, des réformes pour garantir un accès équitable à la justice, et la sensibilisation des forces de l’ordre aux droits humains. Ils appellent aussi à réviser la loi contre la torture pour la rendre conforme aux standards internationaux et à adopter rapidement un projet de loi protégeant les défenseurs des droits humains.
La visite à Genève a permis aux cinq défenseurs de rencontrer des missions permanentes d’États membres, comme la Suisse, l’Australie, les Pays-Bas, le Luxembourg, le Chili, l’Indonésie, le Mexique, l’Irlande, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et la délégation de l’Union européenne. Ces échanges ont permis de faire le point sur les recommandations de 2019 et de proposer des actions concrètes pour le prochain cycle. Les défenseurs ont également rencontré des experts des Nations Unies, dont le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (OHCHR) et certaines procédures spéciales, comme l’équipe de la Rapporteuse spéciale sur les défenseurs des droits humains. Ces rencontres ont mis en lumière le rétrécissement de l’espace civique et les menaces pesant sur la sécurité et la liberté d’expression des défenseurs et journalistes.
Renforcer le plaidoyer de Genève à travers des actions ciblées à Antananarivo
Afin de renforcer les efforts de plaidoyer menés par les OSC à Genève, le Centre CCPR a également organisé une mission à Antananarivo du 2 au 6 décembre afin de mobiliser les ambassades locales, telles que celles de Suisse, France, Allemagne, des États-Unis et de l’Union européenne, autour des recommandations de l’EPU. Les discussions ont porté sur la lutte contre la torture, la migration interne et la protection des défenseurs des droits humains, tout en identifiant des pistes pour renforcer la collaboration entre les OSC et les institutions internationales.
Une rencontre a eu lieu avec le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme à Antananarivo pour explorer des pistes visant à améliorer davantage la collaboration entre les UN et la société civile, notamment en ce qui concerne le suivi des recommandations clés issues du processus EPU ainsi que des organes de traité. Des échanges ont également eu lieu avec la Commission Nationale Indépendante des Droits de l’Homme (CNIDH), confrontée à des défis budgétaires qui limitent ses actions, notamment son rôle en tant que mécanisme national de prévention de la torture.
Atelier avec les Organisations de la Société Civile : Vers un Suivi Efficace des Recommandations de l’EPU
Un atelier de deux jours - organisé en collaboration avec notre partenaire l'ACAT Madagascar - a rassemblé une vingtaine d’OSC issues de différentes régions. Cette rencontre a été l’occasion de renforcer les liens entre les OSC de la capitale et celles des régions, tout en actualisant leurs connaissances sur les mécanismes de protection des droits humains des Nations Unies, notamment le Comité des droits de l’homme et l’EPU.
Un défi majeur identifié est le suivi constant des recommandations en dehors des examens internationaux. L’atelier a permis de définir des indicateurs pour évaluer les recommandations prioritaires et d’identifier les besoins des OSC en renforcement des capacités, notamment en collecte et analyse des données.
"Cet atelier nous a donné des outils essentiels pour un suivi concret et durable des recommandations de l’EPU. Voir le lien entre plaidoyer international et actions locales est motivant. Avec le soutien du Centre CCPR, nous sommes prêts à finaliser les indicateurs et collecter les données pour un suivi régulier et impactant !" a déclaré un participant. Le 4ème cycle de l’EPU de Madagascar aura lieu le 27 janvier prochain à Genève et pourra être visionné en directe sur UN WebTV.