RCA: Renforcer la voix des défenseurs des droits humains : un engagement collectif pour un impact durable
Published on 23 Oct 2025, 03:25 PM
Le CCPR Centre en appui à la MINUSCA
Photo de famille des participants avec au milieu. On reconnait plusieurs personnalités dont Son Excellence Monsieur Arnaud Djoubaye Abazène, Ministre d’État, Ministre de la Justice, de la Protection des droits humains et de la Bonne Gouvernance, Garde des Sceaux.
Bangui, 23–25 septembre 2025: Dans un pays encore marqué par la fragilité institutionnelle et des défis sécuritaires persistants, la défense des droits humains demeure un pilier essentiel de la paix et de la reconstruction. C’est dans ce contexte que s’est tenu un atelier national consacré à la rédaction de rapports parallèles aux mécanismes onusiens et régionaux, organisé par la MINUSCA avec l’appui financier de l’Union européenne, et la participation technique du CCPR Centre et de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP). Derrière cet événement, une ambition partagée : renforcer la capacité des défenseurs centrafricains à faire entendre leur voix sur la scène internationale et à contribuer, depuis le terrain, à l’avancement concret des droits humains dans leur pays.
""Le gouvernement centrafricain salue l’appui de ses partenaires et s’engage à valoriser les compétences nationales pour faire progresser les droits humains dans tout le pays." "
- Ministre d'Etat, Arnaud Djoubaye Abazène
Donner aux défenseurs les moyens d’agir
Mme Hanan Talbi, Directrice de la Division des droits de l’homme de la MINUSCA
Durant trois jours, cinquante défenseurs des droits humains — dont vingt-cinq femmes — venus de Bangui et des douze préfectures de la République centrafricaine, se sont réunis autour du thème : « Rapport parallèle et participation de la société civile aux mécanismes des droits de l’homme : l’exemple du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.». L’atelier, véritable espace d’échange et d’apprentissage, a permis aux participants de se doter d’outils concrets pour documenter les violations, rédiger des rapports alternatifs fiables et dialoguer efficacement avec les organes internationaux.
Comme l’a souligné Hanan Talbi, Directrice de la Division des droits de l’homme de la MINUSCA : « La protection des défenseurs des droits humains est au cœur de la consolidation de la paix. Renforcer leurs capacités, c’est renforcer la démocratie et la redevabilité dans le pays. »
Le CCPR Centre a assuré la facilitation technique et méthodologique de l’atelier, partageant son expertise sur la manière dont les organisations locales peuvent interagir avec le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, en particulier dans le cadre du suivi du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).
Transformer l’expertise en influence
La salle très attentive au discours de l'ambassadeur de l'Union Européenne à la cérémonie d'ouverture
Au-delà de la formation, l’enjeu central de cet atelier était clair : outiller la société civile pour qu’elle puisse transformer son expérience de terrain en plaidoyer structuré. Les discussions ont permis aux participants de mieux comprendre comment leurs rapports alternatifs pouvaient influencer les recommandations internationales, renforcer la transparence et encourager la redevabilité de l’État. Pour Asita-Maria Scherrieb, représentante du CCPR Centre : « Même si vous êtes loin de Genève, vos voix comptent. Les experts du Comité ont besoin de vos informations de terrain pour formuler des recommandations adaptées à la réalité de votre pays. » À travers cet accompagnement, le CCPR Centre réaffirme sa mission : rendre la participation des acteurs nationaux visible et impactante dans les processus internationaux de suivi des droits humains.
Dialogue et engagement institutionnel
Les formateurs avec un des responsables de la division DH de la MINUSCA
L’atelier s’est ouvert sous le haut patronage de Son Excellence Monsieur Arnaud Djoubaye Abazène, Ministre d’État, Ministre de la Justice, de la Protection des droits humains et de la Bonne Gouvernance, Garde des Sceaux.
Dans son allocution, il a salué l’engagement des défenseurs et a souligné la volonté du gouvernement de travailler main dans la main avec la société civile : « Le gouvernement centrafricain salue l’appui de ses partenaires et s’engage à valoriser les compétences nationales pour faire progresser les droits humains dans tout le pays».
En marge de la formation, la mission du CCPR Centre, représentée par André Kangni Afanou, Coordinateur Afrique, et Asita-Maria Scherrieb, a rencontré la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés fondamentales (CNDH) et un Chargé de Mission au Ministère de la Justice. Ces échanges ont permis d’évaluer les progrès réalisés depuis le dernier examen de la RCA par le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, d’identifier les priorités pour le suivi des recommandations et de discuter des défis persistants : manque de ressources, lutte contre l’impunité, et processus de justice transitionnelle. Ces rencontres illustrent le rôle du CCPR Centre comme acteur-pont entre les institutions nationales et les mécanismes internationaux, favorisant un dialogue constructif et une appropriation locale des engagements en matière de droits humains.
Des résultats tangibles et une dynamique durable
Vue partielle de la salle en train de suivre la session animée par André Kangni Afanou du CCPR Centre
L’atelier s’est conclu sur une note d’engagement et de collaboration. Les participants ont adopté une Feuille de route nationale, fixant l’objectif de produire au moins quatre rapports alternatifs d’ici fin 2025, en coalition et avec un suivi technique assuré par le CCPR Centre et la MINUSCA. Des groupes thématiques ont été constitués, sur l’égalité et la non-discrimination, la prévention de la torture, les conditions de détention, les droits des peuples autochtones et la participation citoyenne, afin d’assurer la continuité et la cohérence des efforts.
Au-delà des échéances, cette dynamique symbolise une avancée majeure : la construction d’une société civile organisée, compétente et reconnue dans le dialogue national et international sur les droits humains.
Pour une culture durable des droits humains
Un des participants recevant son attestation à la cérémonie de cloture entouré des formateuzrs (Eric Bizimana de la CADHP et Mme Asita Scherrieb du CCPR Centre).
L’engagement du CCPR Centre en République centrafricaine va bien au-delà d’un appui ponctuel. En soutenant les défenseurs, en accompagnant la CNDH et en favorisant la coordination entre institutions, le Centre contribue à ancrer durablement une culture des droits humains fondée sur la participation, la responsabilité et la transparence. Cet atelier marque ainsi une étape décisive dans la structuration du mouvement des défenseurs centrafricains. Grâce à la coopération entre la MINUSCA, l’Union européenne, le CCPR Centre et la CADHP, les acteurs nationaux disposent désormais d’un cadre, d’outils et d’une dynamique collective pour faire entendre la voix de la République centrafricaine sur la scène internationale, et construire, pas à pas, un avenir plus juste et plus démocratique.
Prochaines étapes
Alors que l’atelier de Bangui a posé les fondations d’un suivi renforcé des droits humains en RCA, il convient désormais de regarder vers l’avenir : le Comité des droits de l’homme prépare en effet l’élaboration d’une liste des points d’interrogation avant rapport (LOIPR / List of Issues Prior to Reporting) une étape probablement prévue en mars 2026. Ce moment constitue une fenêtre d’opportunité unique pour les ONG de la société civile centrafricaine de s’impliquer activement, de soumettre leurs informations de terrain, de formuler clairement les questions qu’elles souhaitent voir poser à l’État, et ainsi d’influencer la teneur du dialogue avec les mécanismes internationaux. En capitalisant sur les capacités acquises lors de l’atelier, les acteurs de terrain peuvent transformer leurs rapports alternatifs en véritable levier d’impact.