Un pacte pour la protection des défenseurs des droits humains : une initiative du CCPR Centre et de ses partenaires internationaux à la CADHP

Published on 23 Oct 2025, 01:25 PM

Un dialogue important sur les représailles contre les défenseurs des droits humains

Roland Chauville, Directeur Exécutif du CCPR Centre et le Commissaire Rémy Ngoy Lumbu confirmant l'engagement à travailler ensemble pour renforcer les défenseurs. A gauche, on reconnait André Kangni Afanou, Coordinateur Afrique du CCPR Centre.

Du 19 au 21 octobre 2025, une délégation du CCPR Centre a pris part, à Banjul en Gambie, au Forum des ONG en prélude à la session de la Commission Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP). En dépêchant ainsi son Directeur Exécutif Roland Chauville et André Kangni Afanou, Coordinateur Afrique, le CCPR Centre signe sa première participation en marge de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et ouvre un dialogue nécessaire sur les représailles contre les défenseurs des droits humains.

 

Pour la première fois depuis sa création, le Centre pour les Droits Civils et Politiques (CCPR Centre) a pris part aux travaux de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), en organisant à Banjul un side event d’une portée symbolique et politique majeure.
Intitulé « Le prix de la vérité : la documentation, les représailles et la protection des défenseurs des droits de l’homme », l’événement s’est tenu le 18 octobre 2025, en marge du Forum des ONG.

L’initiative, portée par le CCPR Centre, a rapidement rallié plusieurs partenaires — la FIACAT, l’ISHR, l’OHCHR, ainsi que des défenseurs du Tchad, du Burundi et de la RDC — qui s’y sont pleinement investis. Cette collaboration spontanée et inclusive a permis d’en faire un moment fort du Forum, démontrant qu’unir les voix autour d’un enjeu aussi crucial peut produire un réel impact collectif.

« C’est ensemble, et seulement ensemble, que nous pourrons inverser la tendance des représailles et protéger ceux qui défendent la vérité », a rappelé Emeline Swiderski, de la FIACAT, en ouvrant la session.

Le « Pacte de Banjul » : l’appel du commissaire Rémy Ngoy Lumbu

Vue partielle de la salle pendant le side event

L’annonce la plus marquante du panel est venue du Président de la CADHP, Rémy Ngoy Lumbu, également Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme et les représailles.
Reconnaissant les difficultés persistantes de son mandat, il a proposé ce qu’il a qualifié d’un « nouveau pacte entre les ONG et le mandat sur les représailles » — un engagement renouvelé pour briser le silence, renforcer la confiance et alimenter le premier rapport africain sur les représailles.

« Nous devons rompre avec la méfiance et travailler main dans la main. Ce pacte marque un nouveau départ. Les défenseurs et la Commission doivent désormais parler d’une seule voix pour que plus jamais la vérité ne soit punie », a-t-il déclaré.

Ce message, largement salué par les participants, marque un tournant dans la relation entre les mécanismes africains et la société civile. Le CCPR Centre, en facilitant cette rencontre, a joué un rôle déterminant dans la reconnexion entre les institutions et les acteurs de terrain.

 

Les chiffres qui inquiètent

Photo après la séance de travail entre la délégation du CCPR Centre et le Commissaire Idrissa Sow, membre de la CADHP, Nouveau Président élu de la Commission.

Les discussions ont mis en lumière une réalité alarmante.
Selon les données partagées par Salma El Hosseiny de l’ISHR, entre 2014 et 2024, le Secrétaire général des Nations Unies a documenté 255 cas de représailles contre des défenseurs africains pour leur collaboration avec les mécanismes internationaux.
Ces violations vont des intimidations aux enlèvements, en passant par la détention arbitraire et le harcèlement en ligne.
Plus de la moitié des pays africains (26) ont été cités comme auteurs de telles représailles — et neuf États, dont l’Algérie, la RDC, le Burundi, le Cameroun, l’Égypte et le Soudan, concentrent à eux seuls près de la moitié des incidents recensés.

Ces chiffres rappellent que la défense des droits humains reste, sur le continent, un combat à haut risque. Et malgré la création en 2017 du mandat africain sur les représailles, aucun rapport officiel n’a encore été publié, faute d’informations suffisantes et de collaboration effective.
Le « Pacte de Banjul » vient précisément répondre à ce vide en initiant un processus de coopération active entre ONG, institutions africaines et partenaires internationaux.

Un signal d’espoir et de responsabilité partagée

Intervention de Roland Chauville lors de la formation sur l'usage des mécanismes des DH, organisé par le HCDH le 19 octobre 2025

Les témoignages des défenseurs présents ont apporté un visage humain à ces statistiques : répression sanglante au Tchad, intimidations croisées en RDC, surveillance et isolement au Burundi. Tous ont salué la tenue de cet espace de parole sécurisé, qui a permis de transformer la peur en mobilisation collective.

Karine Frosio, pour le compte du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a insisté sur la clé du changement : la confiance.

« La base, c’est la confiance. Sans elle, aucune protection n’est possible. »

L’événement s’est conclu sur une note d’engagement et de solidarité, réaffirmant la volonté commune de rendre la coopération entre les défenseurs et les mécanismes régionaux plus sûre et plus efficace.

Pour le CCPR Centre, cette première participation à la CADHP symbolise une entrée réussie et reconnue dans le système africain.
Plus qu’un événement, Banjul aura marqué le début d’un mouvement, celui d’une alliance renouvelée pour la protection des défenseurs des droits humains sur le continent.

Un engagement plus large au service du renforcement des capacités et du dialogue

André Kangni Afanou, Coordinateur Afrique du CCPR Centre lors de la formation avec les ONG le 20 octobre 2025 au Sir Dawda Kairaba Jawara International Conference Center.

En marge de l’organisation de ce side event, la participation du CCPR Centre à la session de la CADHP s’est également distinguée par un engagement actif dans les initiatives de formation et de coopération. Le Centre a ainsi contribué à l’animation de deux ateliers organisés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) — l’un à destination des Institutions nationales des droits de l’homme (INDH) et l’autre dédié aux organisations de la société civile. Ces sessions ont permis de renforcer les compétences des acteurs africains sur l’utilisation des mécanismes internationaux et régionaux de protection des droits humains.

Le CCPR Centre a également mis à profit sa présence à Banjul pour intensifier ses activités de réseautage, en multipliant les échanges bilatéraux avec des personnalités institutionnelles, des représentants d’ONG et des partenaires régionaux. Ces interactions ont permis d’esquisser de nouvelles pistes de collaboration, confirmant le rôle croissant du Centre comme acteur-pont entre les systèmes africain et onusien de protection des droits humains.

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